Pourquoi ce projet

Projet mené en collaboration avec Dr Noura El Hajem du MAFFEPA. Nous reprenons ici un article paru dans le journal le Temps à la date du 17 février 2009, pour mettre le projet dans son cadre.

Le secteur de l'encadrement de la petite enfance est assuré actuellement par près de 200 établissements agréés et un nombre indéterminé d'assistantes maternelles. Et puisque la tranche agréée ne couvre même pas 10 % du nombre total des enfants, il est clair que la majorité est accaparée par la tranche informelle. D'où l'intérêt récemment porté à cette catégorie et le véritable souci de formation qui lui est accordé, sans oublier bien sûr les crèches agréées auxquelles un programme de certification est en cours d'élaboration.


Rares sont les familles satisfaites de l'encadrement offert à leurs enfants en bas âge et ce, qu'ils soient gardés dans les crèches ou, chez eux, sous la responsabilité d'assistantes maternelles ou d'un proche parent. Les familles reprochent généralement un manque flagrant de savoir-faire dans la prise en charge de cette tranche d'âge.
Lequel manquement trouve son origine dans l'absence de formation spécialisée de la préposée à cette tâche dans les structures spécialisées. Ce diagnostic a rejailli de toutes les enquêtes opérées dans le secteur de la petite enfance. Il n'y a pas de cursus de formation d'une puéricultrice. Il n'y a pas, non plus, de cursus de formation d'une assistante maternelle. Cette petite enfance est léguée aux recettes des bonnes mères. Pourtant, il s'agit d'un segment important de la population et, surtout, de la période de la vie de l'enfant qui influe le plus sur la constitution de sa personnalité.

La question est d'autant plus d'actualité, qu'il est vraiment rare que les débats quotidiens d'une quelconque famille ne fassent pas cas des mauvaises conditions dans lesquelles « vivent » les enfants. Cette problématique représente un centre d'intérêt inévitable pour les familles, que ce soit pour leur nourriture, leur hygiène ou leurs loisirs. La garde des enfants représente d'ailleurs une priorité pour les familles, notamment ceux qui ont une progéniture en bas âge.
Le besoin d'un bon encadrement de cette petite enfance est donc une nécessité. Il est d'autant plus évident que l'on se rend compte, de plus en plus, de l'importance de l'éducation durant cette tranche d'âge. La constitution de la personnalité de tout être humain commence à se tracer dès sa naissance. Ses traits caractéristiques s'acquièrent progressivement durant les trois premières années de sa vie. D'où l'importance cruciale de cette phase sur le futur de chacun et l'intérêt qu'elle ne cesse de susciter. Seulement, comment répondent les Tunisiens à ce besoin?

Etat des lieux : L'intérêt porté à la petite enfance se renforce incessamment, aussi bien dans les familles que dans les programmes officiels. Des lacunes sont, encore, constatées notamment dans le volet de l'encadrement. Plusieurs structures continuent à ignorer la différence entre les spécificités des jardins d'enfants et celles des crèches. La séparation dans les espaces n'est pas très stricte. La question de l'apport pédagogique de la garde du petit enfant, n'est pas à l'ordre du jour. L'intérêt porté aux volets, psychomoteur et éveil, de l'enfant, est récent. La garde de l'enfant se limite généralement à une question de proximité et de coût. La fonction est assurée par des jeunes filles prises dans le tas, sans aucune formation spécifique. D'ailleurs, et jusqu'en 2006, il n'y avait aucun établissement scolaire, universitaire ou professionnel qui assure une formation spécialisée en la matière.

Le projet : Le programme du ministère répond à un souci d'assurer la qualité dans l'encadrement du petit enfant. Il s'articule autour de trois axes assurant autant de types de formation d'encadreurs de la petite enfance. D'abord, il y aura des sessions de formation à l'intention des assistantes maternelles. Elles seront incessamment assurées en collaboration avec les écoles agrées du ministère de la Santé publique. Leur public cible est toute personne ayant à charge la petite enfance, dans une crèche, à domicile ou même dans un hôtel. Cette formation initie le candidat aux notions élémentaires de la prise en charge. Ensuite, une unité de valeur de puériculture a été déjà intégrée à la formation de l'institut supérieur des cadres de l'enfance à Dermech. C'est une formation semestrielle spécialisée. Enfin, et quoique ce n'est pas de la formation, mais elle y contribue, un programme de certification des crèches est en cours et il va contribuer inévitablement à améliorer la prise en charge de cette catégorie.

Des interrogations demeurent toutefois pertinentes sur l'efficacité des programmes adoptés pour la formation. (écrit par le journaliste Mourad SELLAMI)

Entre le Formel et l'Informel

Crèches, garderies, assistantes maternelles à domicile. D'ailleurs, certains s'y adressent pour éviter les mauvaises surprises du circuit organisé. Aujourd'hui, cette activité fait pourtant bonne figure dans le secteur informel. Or, le besoin se fait, de plus-en plus, ressentir de la légaliser et de rationaliser l'apport de ce potentiel humain. Partie d'un programme de mise à niveau du secteur de la prime enfance qui comprend aussi un projet de certification des crèches et une initiative à l'attention de la femme rurale pour l'habiliter à mieux prendre en charge ses enfants à la veille de leur scolarité. Cette attention à ce secteur a touché aussi bien le niveau informel qu'organisé ; aussi bien dans les villes que dans le milieu rural. Il faut trouver à chaque segment d'enfants la recette qui sied le mieux à ses besoins en tenant compte de ses spécificités.

 

Formation
Les structures disposeront désormais d'un personnel qualifié. D'une part, il y aura les assistant(e)s d'éducation de la prime enfance ; d'autre part, il y aura celles qui ont accompli des sessions de formation organisées par le service de la prime enfance du ministère de la Femme, de la Famille, de l'Enfance et des Personnes âgées. Même les assistantes maternelles à domicile peuvent prétendre gratuitement à cette formation. Elles ne craignent aucune conséquence fiscale ou judiciaire suite à cette formation. Le principal souci étant d'améliorer la qualité de la prise-en charge de l'enfant, qu'il soit dans une structure ou à la maison. Les mères peuvent aussi participer à ces cours élémentaires qui sont dispensés suivant un programme qui n'entrave nullement les activités des participantes.

Certification
Sur un autre plan et concernant les crèches, un programme de certification suit son cours. Il s'agit d'une procédure qui consiste à attester, après évaluation (audit), que la-dite structure de la prime enfance est conforme à certaines normes spécifiques. Un certificat - à durée déterminée - est délivré par un certificateur qui est indépendant de la structure à certifier. La certification de système qualité (certification des crèches) concerne les règles de fonctionnement de la structure. Elles doivent se conformer à des référentiels préalablement définis. Ceci permet une assurance de la qualité, une amélioration continue des services au sein de ces structures et un suivi continu des prestations fournies.

Habilitation
La célébration de la semaine internationale de l'éducation pour tous du 23-au 29 avril 2007 sous le slogan : l'éducation : un droit pour tous , a coïncide cette année avec le démarrage du 1er cycle d'habilitation des mères à mieux prendre en charge leurs enfants et leur préparation à la scolarisation qu'organise le ministère de la Femme, de la Famille, de l'Enfance et des Personnes âgées. Ce programme mis en œuvre en partenariat avec l'Union Tunisienne de la Solidarité Sociale « UTSS » a démarré le mercredi 25 avril 2007 dans l'un des jardins d'enfants « El Imtiez » de la région de « Dkhila » (gouvernorat de Manouba). Il prend en considération les besoins physiologiques et spécifiques des enfants d'âge préscolaire et initie les mères à savoir répondre à ces besoins. Pour cette phase, la population cible est le lot des mères dont les enfants vont dans les jardins d'enfants relevant de l'UTSS.

Mourad SELLAMI (Le Temps du 3 mai 2007)