Résultats de ce projet

Tunis-Le Quotidien
Raoudha, 22 ans, commence à reprendre goût à la vie après une tentative de suicide. Cette étudiante à la faculté des lettres et des sciences humaines de Tunis a voulu emporter son secret dans la tombe après avoir subi une interruption volontaire de grossesse (IVG) dans une clinique privée de la place. Après plusieurs mois de prise en charge psychologique assurée par un centre de santé scolaire et universitaire, elle se sent beaucoup mieux. Celle qui était promise à une brillante carrière d’enseignante a dû passer une année blanche en raison de son expérience traumatisante. Aujourd’hui encore, elle a beaucoup du mal à en parler. C’est uniquement pour éviter aux jeunes filles de tomber dans le « piège » qu’elle a accepté de se confier sous le sceau du secret à la conseillère psychologique du centre. «Je suis tombée enceinte après une relation non protégée avec mon fiancé. J’ignorais tout sur le cycle œstral, la pilule du lendemain et autres moyens contraceptifs », dit-elle. Et d’ajouter : « mon fiancé m’a laissée seule au creux de la vague. J’ai vu l’enfer ici bas et tout ce que Dieu promet aux auteurs du genre de péché que j’ai commis le Jour du jugement dernier me paraît plus clément. »
L’expérience de Leïla, 19 ans, prend aussi les allures d’un véritable drame. Issue d’un milieu défavorisé, cette jeune fille a grandi à El Kabbaria, une cité dortoir située à 5 kilomètre de Tunis, à l’ombre d’un père alcoolique et d’une mère handicapée. A l’âge de 16 ans, la brillante élève a été acculée a quitter les bancs de l’école avant de dénicher un poste de secrétaire auprès d’un médecin dentiste. Manquant d’affection et voulant fuir la misère, elle s’est jetée dans la gueule du loup en se réfugiant dans une relation amoureuse avec un délinquant du quartier. C’est en goûtant à plusieurs reprises aux plaisirs de l’amour charnel avec son prince charmant qu’elle est tombée enceinte. « Je ne me suis rendue compte de ma grossesse qu’après 5 mois. Bravant les conditions matérielles difficiles et le regard dégradant de la société, j’ai décidé de garder l’enfant. Ironie du sort, le père de ma fille a mis les voiles vers l’Italie sur l’une des embarcations de la mort. J’ignore d’ailleurs s’il est encore en vie. Aujourd’hui, je me sens coupable à chaque fois que j’affronte le regard innocent de ma fille », se confie cette mère célibataire avec beaucoup d’amertume.

Explosion des interruptions volontaires de grossesse
En dépit du fait que les jeunes ont une vie sexuelle active, le recours à l’information sur les rapports sexuels reste très difficile. A l’école, au sein de la sphère familiale, et même entre amis, l’éducation sexuelle est encore considérée comme un sujet tabou. Conséquence : les problèmes de santé liés à la sexualité sont légion. Les différentes études menées par des organismes publics et des associations font ressortir une montée en flèche des IVG. Selon les statistiques officielles, le nombre des avortements « choisis » est passé de 1164 en 2002 à 2126 en 2004. D’autres enquêtes révèlent que les MST représentent plus de 65% des motifs des consultations au niveau des centres de la santé reproductive de l’Office National de la Famille et de la Population (ONFP) et des espaces jeunes.
De son côté, le nombre des mères célibataires prend une courbe ascendante depuis plusieurs années. Ce nombre est actuellement estimé à environ 2500. 47% de ces femmes appartiennent à la tranche d’âge 21-25 ans et 10% ont entre 13 et 18 ans.
L’âge moyen du premier rapport sexuel est aujourd’hui de 16 ans pour les garçons et de 17 ans pour les filles. Dans la tranche d’âge 18-29 ans, 47% des garçons et 33% des filles ont ainsi des rapports sexuels hors du cadre du mariage. 66% d’entre eux avouent avoir des partenaires multiples et 40% n’utilisent jamais le préservatif. Ces habitudes ont des conséquences désastreuses sur la santé des jeunes. D’autant plus que les rapports sexuels non protégés sont responsables de 41% des cas de transmission du virus du sida.

Recul continu de l’âge du mariage
Officiellement, l’Etat multiplie les programmes relatifs à la santé reproductive adressés aux jeunes. Des cours relatifs à la reproduction humaine ont été introduits dans les manuels scolaires et accessibles aux services médicaux spécifiques. Beaucoup reste cependant à faire pour bousculer les tabous. « Jusqu’ici on n’ose pas parler d’éducation sexuelle. Pourtant rien ne sert de se voiler la face. L’éducation sexuelle consiste à expliquer le comportement sexuel, le cycle œstral, les risques des rapports non protégés. Elle ne favorise pas l’apparition des rapports sexuels précoces chez les adolescents et permet d’éviter les IVG, les maladies sexuellement transmissibles et autres drames », s’offusque un gynécologue de la place qui s’inquiète à propos de l’augmentation des chiffres relatifs aux grossesses non désirées. Et de renchérir : « la société civile est appelée à s’impliquer dans ce domaine. La Banque Mondiale estime que le taux de prévalence du sida pourrait atteindre le seuil exponentiel de 0,4% en 2015. Ce taux est actuellement de l’ordre de 0,1% seulement. » Autant dire, l’éducation sexuelle est désormais une nécessité impérieuse surtout que l’âge du mariage ne cesse de reculer. Un récent sondage illustre cette tendance. Il en ressort que 85% des jeunes ayant entre 15 et 29 ans sont célibataires contre 80% en 2001. Dans la tranche d’âge 30-49 ans, 20,5% des Tunisiens ne sont pas encore mariés contre 16% il y a cinq ans.

Journal le Qutotidien paru le 24-02-2007: par Walid KHEFIFI

Actus nationales
Education sexuelle : Les tabous ont la peau dure…

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Ce document trace les résultats atteints par le projet réalisé dans la continuité de la réussite du projet de 1997-2001.
Nous présentons simplement les résultats au sein de l'organisation des Scouts Tunisiens
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